Lorsque j'étais enfant, la vie était douce et légère ; tout n'était qu'insouciance et j'allais, droit devant moi, le nez au vent, me laissant bercer par la brise, malgré un passé déjà lourd. Et puis, en grandissant, j'ai pris des bleus, des bosses, comme chacun d'entre nous avec plus ou moins de douleur. J'ai aussi progressé en commettant des erreurs, petites et grandes ; j'ai avancé dans la vie en trainant derrière moi certains boulets dont je me serais bien passé, mais qui sont toujours dans mon coeur et dans ma mémoire. Pendant toutes ces années, j'ai vu des espoirs s'envoler, des bonheurs m'étreindre ; j'ai vu des vies s'éteindre aussi, j'ai vu des joies me faire chavirer. J'ai grandi, petit à petit, d'abord avec la main tenue par Celle-qui-me-manque-tant. Et puis, ce soutien, cette main bienveillante s'est peu à peu effacée pour laisser place à la liberté ; liberté de penser, d'agir à ma guise, d'aller et venir. Mais cette liberté a un revers qui s'appelle responsabilité et aujourd'hui, que je suis devenue maman à trois reprises, cette responsabilité est devenue un fardeau, comme beaucoup de personnes sur cette terre, je suppose.
Mais à la différence où, malgré la famille que j'ai construit, malgré mon mari qui m'aide au jour le jour, malgré mes enfants qui m'entourent, malgré les amis qui ne sont jamais très loin, je me sens seule, terriblement seule. Seule face à cet avenir toujours incertain, face à la vie que j'offre à mes enfants, face à mon passé qui me hante, face à mon présent qui ne me convient pas toujours ; je me sens seule aussi, face aux fantômes qui me hantent, face à cette solitude que j'ai du mal à combattre. J'envie ceux qui peuvent se ressourcer auprès des leurs, j'aimerais tant pouvoir dire : " Je vais passer quelques temps en famille " ; j'aimerais me sentir entourée par des personnes ayant un passé commun avec moi ; j'aimerais sentir battre en moi des racines profondément ancrées ; j'aimerais que l'on me transmette des secrets, des histoires enfouies ; j'aimerais écouter une vieille tante me conter la vie de ma famille, au coin du feu, par une froide soirée d'hiver. J'aimerais trouver, sous le sapin, une écharpe tricotée à la main, par une grand-mère patiente. J'aimerais tant... tellement... que toute cette nostalgie me quitte pour enfin ne plus m'empêcher d'avancer. J'aimerais tant....
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